Cozzano, Speloncato, San Giuliano… Le réveil des villages corses
L’île de Beauté n’est plus cette belle endormie qu’on imagine trop souvent, harassée de soleil, engourdie dans les langueurs de ses chants polyphoniques, paralysée par son insularité. Loin des plages, à l’écart des hordes de touristes, une autre Corse trace son chemin.
A l’instar du smart paese Cozzano (Haut-Taravo) où tout - l'école, la poste, la mairie… - est relié par un système complexe de capteurs et d’antennes, de nombreux villages redoublent d’inventivité pour se développer harmonieusement.
A Cozzano, tout est connecté, même le champ de safran de Sylvain Martinez-Ciccolini (à gauche).
Dominique Cesari, éleveur et charcutier à Cozzano, a installé des capteurs dans ses caves et équipé ses cochons avec des colliers GPS.
Mieux, des jeunes reviennent, retapent les maisons de famille abandonnées et s’inventent de nouveaux métiers pour pouvoir rester, comme à Speloncato, où les entrepreneurs peuvent se retrouver dans un espace de coworking ultrabranché. Oui, la «movida» corse est bel et bien entraînée par le réveil de l’arrière-pays.
«Depuis moins de dix ans, grâce aux nouvelles technologies qui permettent de travailler à distance, il y a un renouveau tout à fait visible», confirme le sociologue Jean-Louis Fabiani. Une population mieux formée, hyperconnectée, ayant souvent roulé sa bosse en métropole ou à l’étranger, et qui ne se soucie ni du jugement des anciens ni de la sempiternelle question indépendantiste, a décidé de poser ses valises dans cette thébaïde aussi pentue qu’enchanteresse qu’est la Corse de l’intérieur.
A San Giuliano, sur la côte orientale, le Centre de ressources biologiques Citrus possède quant à lui l’une des plus riches collections d’agrumes au monde.
Dans le laboratoire baptisé Phytotron, les chercheurs expérimentent des croisements pour développer de nouvelles variétés de fruits, plus juteuses, plus parfumées, plus résistantes.
Ces arbres sont protégés par des voiles pour empêcher les insectes de venir œuvrer afin de ne pas gêner le travail des chercheurs. Ici, c’est donc à la main que s’effectue la pollinisation.
Le centre Citrus est unique au monde. Les scientifiques y développent des variétés de clémentines plus tardives et travaillent sur un citron vert corse. Une clémentine sanguine est en cours d’expérimentation. Peut-être bientôt sur nos étals !
>> Corse, le réveil des villages, un reportage de Sébastien Desurmont (texte) et Valerio Vincenzo (photos) paru dans le magazine GEO de juillet 2019 (n°485, Grèce).