Niamey, une ville connectée
En effet, ce qu’on qualifie de “retard de développement“ ou de “sous-développement“ peut être parfois une aubaine grâce au raccourci technologique.
L’exemple de la téléphonie mobile en Afrique a permis, en 10 ans, de connecter presque la totalité de la population, chose que la téléphonie filaire n’a pas pu réaliser en 40 ans avec un taux de connections ne dépassant pas les 10% de la population au meilleur des cas.
Idem pour la banque virtuelle qui intègre pas moins de 60% de la population et bancarise une population délaissée par le système bancaire classique qui, en 60 ans, n’en a pu intègre que 15%.
Même chose pour les nouveaux concepts comme “ville connectée“, “smart village“, “M-paiement“ ou “monnaie virtuelle“ que l’on ne trouve pas forcément dans les pays les plus avancés en Afrique comme ceux du Maghreb par exemple.
D’ailleurs, on assiste même à un paradoxe dans le sens où plus un pays est économiquement sous-développé, plus il sera avancé en termes de TIC et plus il a une facilité à mettre en place et adopter des solutions technologiques innovantes. Car n’ayant pas le choix ou d’autre alternative, il va essayer de tirer profit des technologies offertes et réduire le gap en adoptant les nouveaux systèmes offerts.
C’est l’exemple que nous fournit aujourd’hui Niamey, la capitale du Niger qui offre l’image d’une ville très connectée avec une forme originale de démocratisation d’Internet. Cela s’est passé de manière fortuite. En effet, un réseau wifi interne pour l’opérateur local, en l’occurrence Niger Telecom au centre-ville de la capitale nigérienne, plus précisément la Place de l’indépendance, a été dernièrement ouvert, quand un petit malin a réussi à le pénétrer et à changer le mot de passe et en devenir l’administrateur, permettant ainsi l’utilisation d’Internet gratuitement aux passants dans la rue autour de la place jouxtant le siège de Niger Telecom. Dans une seconde phase, l’opérateur a joué le jeu et, usant de son statut d’opérateur historique et national, a ouvert de manière délibérée son réseau wifi, ce qui a permis un accès gratuit et illimité à Internet avec un excellent débit. Résultat des courses : chaque soir, dès la tombée de la nuit, des centaines de jeunes viennent s’amasser le long des murs du siège de l’opérateur, investissant le jardin d’une grande place et les voilà connectés gratuitement.
En passant près de cette Place, on est étonné par le nombre de jeunes, smartphones ou PC portables à la main, qui pour surfer sur Internet, qui pour écouter de la musique, qui pour échanger des messages sur les réseaux sociaux, et ce jusqu’à une heure tardive de la nuit. Le même spectacle se répète pendant la journée, cette fois-ci avec des adultes munis de leur PC portables venus dès le matin occuper les bancs de la Place pour passer une partie de la journée à travailler sur le Net.
Du coup, la Place de l’Indépendance s’est transformée en un lieu de travail pour de nombreux habitants de Niamey surtout qu’Internet est l’un des plus chers en Afrique avec un faible débit. Ce qui offre par conséquent à Niamey l’image d’une capitale connectée au point que l’opérateur Telecom s’est pris au jeu laissant sa connexion Internet ouverte. Ainsi, l’Internet citoyen est devenu une sorte de fabrique de Niger Telecom et un élément de différenciation par rapports aux autres opérateurs télécoms dans le pays.
D’ailleurs, Internet a remplacé, dans les zones rurales, l’électricité et la télévision; on peut observer des paysans dans leurs champs ou dans leurs villages autour de Niamey consultant le web ou regardant la TV sur leurs smartphones. Ils vont charger leurs batteries soit à la première boutique du coin ou grâce aux panneaux solaires disponibles dans plusieurs champs.
L’énergie stockée, l’énergie solaire et Internet vont permettre d’un seul coup de résoudre la double connexion à Internet et à l’électricité. Selon nos informations, l’Etat du Niger est en train de déployer un très grand projet de “Smart Village” à travers son Agence nationale des TIC avec un financement public. On n’est pas à Tunis, encore moins à New York, on est bien à Niamey, sans doute première “Smart ville” en Afrique.