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Le Smart Village de Cozzano utilise la donnée pour optimiser les systèmes

Le village de Cozzano a entamé sa transition énergétique il y a 20 ans et ambitionne de devenir territoire à énergie positive. Les capteurs environnementaux et la data sont au cœur de ce projet de smart village. Le point avec Thierry Antoine Santoni, responsable scientifique du projet Smart Paesi.

Actu Environnement : L'Université de Corse et le CNRS mènent un projet autour de la transition énergétique et numérique dans le village de Cozzano, en Corse. Dans quel cadre s'inscrit-il ?

Thierry Antoine Santoni : Le projet scientifique "Smart village, smart paesi" a été sélectionné dans le cadre d'un appel à projets de la collectivité territoriale de Corse sur le numérique. Depuis une vingtaine d'années, le village de Cozzano a développé un certain nombre d'infrastructures énergétiques : une chaufferie biomasse qui alimente les bâtiments communaux, l'école, la pharmacie, le cabinet médical etc., et une centrale électrique sur eau potable. Il s'agit à la fois d'alimenter la ville en eau potable et de produire de l'électricité en turbinant l'eau lorsqu'elle est acheminée. Des panneaux photovoltaïques ont été installés sur les logements sociaux et une deuxième petite centrale hydroélectrique est en projet, sur cours d'eau cette fois. L'objectif de la municipalité est de produire plus d'énergie que ce que le village n'en consomme. Le socle énergétique était donc déjà là, le projet vise à amener notre compétence, émanant d'une équipe informatique, sur les objets connectés et la surveillance environnementale.

AE : L'idée est d'utiliser le numérique pour optimiser la gestion des ressources ?

TAS : Nous travaillons avec des capteurs environnementaux sans fil sur la qualité de l'air, de l'eau, la température des bâtiments, mais aussi avec les données anonymisées de production et de consommation énergétique que nous fournit EDF. Nous travaillons avec la technologie LoRaWan qui permet d'envoyer les données connectées. La société Sitec nous assiste dans la création de ce réseau indépendant longue distance. Tout est géré depuis un data center situé à Bastia. L'objectif est de traiter toutes ces informations qui remontent, de modéliser les systèmes et de les optimiser, que ce soit pour l'énergie, l'eau… Nous voulons mettre les nouvelles technologies au service des habitants dans une logique de développement durable. C'est un village de 250 habitants l'hiver (trois ou quatre fois plus l'été), cela nous permet de toucher toute la population. En Corse, le village a un poids important dans la vie des habitants. La question est de savoir comment utiliser la donnée pour optimiser les systèmes sans être trop intrusif. Le projet porte une forte composante sociale pour proposer des solutions, et non les imposer.

AE : Concrètement, à quoi vont servir les capteurs ?

TAS : Une partie du projet vise à travailler sur ces données, les courbes de charge, pour optimiser le système énergétique et sensibiliser la population aux économies d'énergie. L'une des idées, par exemple, est de créer un objet qui informe sur la réalisation des objectifs de consommation, en affichant la couleur verte si les objectifs sont atteints, orange ou rouge dans le cas contraire. Outre la visualisation de ces données par la population, nous allons mettre en place un open data pour les chercheurs et réaliser un tableau de bord pour les décideurs.

Nous allons également travailler avec les éleveurs, très présents sur ce village. L'objectif est d'équiper les cochons en capteurs, pour permettre leur géolocalisation et éviter ainsi de nombreux trajets à l'éleveur. Les capteurs assureront également une traçabilité sur leur parcours et donc leur alimentation. Il y a également un producteur de safran dans le village. Des capteurs au sol permettront de surveiller l'amplitude entre la température du jour et de la nuit pour connaître les moments opportuns pour la récolte. Cela permettra également de réaliser un modèle prédictif prenant en compte le changement climatique.

Actu-Environnement.com, le 19 Avril 2018 : Propos recueillis par Sophie Fabrégat, Rédactrice en chef adjointe

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Page mise à jour le 24/04/2018 par ANTHONY PAOLINI